QUEL AVENIR POUR LE CATHOLICISME AU 21ème SIECLE? 
Extrait de "Silence sur l'essentiel" Jean Guitton

Il est banal de dire que la crise de l'Eglise est un reflet de la crise du monde. Mais en cet univers où les causes et les effets sont réciproques, on peut se demander si le désarroi présent ne procède pas en partie de la crise de la foi, comme si l'humanité voyait vaciller la lumière du phare.

Ce sont les Idées qui sont les causes des causes; ce sont les Idées qui mènent le monde; les actions sont filles des Pensées. Dans son Hippone, Augustin, quoiqu'il fût seul, enfantait le Moyen Age Et Jésus avait mis, au-dessus de tous les commandements, le devoir d'" enseigner " les nations.
Or, nous entrons dans un temps où l'enseignement religieux sera plus difficile que jamais il ne l'a été depuis l'origine.
Plus question d'annoncer une Nouvelle à ceux qui l'ignorent ; il s'agit de proposer cette " Nouvelle " à des gens qui nous diront qu'elle est ancienne et qu'elle a été réfutée. On ne pourra plus croire par coutume ; il faudra croire par conviction. Et la mission n'aura pas pour principal objet de conquérir un monde ignorant, mais de persuader un peuple qui ne croit plus.

J'ai retrouvé un texte où, pendant le Concile, en 1963, j'exposais mes pensées. Je n'ai rien à y changer :
" Plus l'homme, délivré des contraintes sociales, aura de loisir, plus il réfléchira aux questions fondamentales. Et il se peut que soudain un immense besoin religieux se réveille dans une planète sevrée de Dieu, et qui prendra conscience de l'absurdité d'être, s'il n'est pas. Le désespoir peut être la solution de quelques lettrés : il ne sera jamais la religion des masses : celles-ci ne demeureront pas toujours sous l'emprise de l'athéisme. Mais, pour obtenir ce réveil de salut, il faudra que la religion soit davantage proposée à l'intelligence, qu'elle ne paraisse pas contraire à la science et à ses progrès qui éclatent aux regards.
" Alors, comme l'avait vu Newman, il ne s'agira pas d'annoncer, mais de réannoncer l'Evangile à ceux qui l'ont connu, puis abandonné, croyant le connaître et le juger vain. Cette mission de reconversion, de réveil et de retour est plus difficile que la première. Il n'y a plus d'effet de surprise. L'annonce kérygmatique de la foi à un peuple qui l'a perdue ne pourra se faire (comme toute reconquête) que molécule par molécule, village par village... Alors il faudra bien que chaque laïc rende raison à son frère de travail de l'espérance qui est en lui, comme le recommandait, à l'origine, le premier Pasteur. Et cette reddition raisonnable de comptes exige une connaissance profonde des sources, une adaptation à l'esprit contemporain, de toute manière une très longue patience dans la lumière et dans l'amour. Chacun devra imiter le travail des germes, témoigner devant de rares compagnons, difficilement attentifs...

Ce que l'Eglise perdra en quantité, elle le retrouvera en qualité. La quantité ne se justifie que si elle est la qualité en puissance."

   
   
  accueil | Marie, rue du Bac | Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus | Jean Guitton, philosophe|
  Extraits et textes | Sites à découvrir | Me contacter |
Marie, rue du Bac 1999